La gestion des ressources naturelles et intellectuelles
aux moyens de l’économie circulaire
Sabine Urban (Université de Strasbourg) et Antonella Zucchella (Université de Pavia)
La civilisation contemporaine, largement façonnée par la révolution industrielle déployée depuis le XVIIIe siècle, se caractérise notamment par une exploitation abusive des ressources naturelles non renouvelables. Cette tendance s’est imposée avec force, en raison d’une mauvaise appréciation de la valeur de ces biens ; il en va de même pour beaucoup de biens immatériels, comme les savoirs et les savoir-faire.
L’augmentation considérable de la population mondiale à l’époque contemporaine a accentué ce phénomène de déséquilibre entre besoins et ressources naturelles disponibles qui induit, au-delà des problèmes de valeur, des tensions politiques d’appropriation, délicates à gérer d’une manière pacifique à l’échelle mondiale.
Ce constat conduit dès lors à rechercher d’autres formes de gestion des ressources naturelles et intellectuelles, consistant en particulier à abandonner les principes prévalents d’exploitation linéaire de ces biens (achat, utilisation, rejet des déchets) imposés par une classe sociale possédante et puissante, mettant l’accent sur la primauté des rendements financiers, une pratique répandue déjà critiquée par Karl Marx. Une évidence logique forte apparaît désormais : l’humanité est condamnée, pour survivre, à changer son actuel mode de vie et à reconsidérer ses schémas de création de valeur. La responsabilité de cette transition ne repose plus uniquement sur un nombre relativement réduit de décideurs, mais elle s’étend en définitive à tous les acteurs socio-économiques et politiques, tous concernés.
Nous nous proposons de préciser pourquoi et comment cette transition vers un nouveau modèle est susceptible d’être opérée. Nous focaliserons notre attention sur le rôle des entreprises, car à côté des Etats ou autres pouvoirs politiques, supra- ou infra- nationaux, les entreprises sont des acteurs socio-économiques majeurs : en effet elles capitalisent d’importants savoirs et savoir-faire, elles ont des moyens financiers, techniques et humains mobilisables pour de nouvelles causes ; elles disposent aussi de pouvoirs de décision largement autonomes. Ces pouvoirs leur confèrent des responsabilités qu’il convient de cibler d’une manière efficace. Il s’agit alors de mettre en œuvre des moyens efficients. Un de ces moyens consiste à introduire dans le jeu social les principes de circularité.
L’économie circulaire présente, au regard de notre problématique, un double avantage :1) elle est efficiente car elle conduit à limiter le gaspillage des ressources et contribue ainsi à préserver le stock de capital naturel disponible sur la planète ; 2) elle est attractive, car elle permet aux entreprises de stimuler leur profit ; celles-ci ont donc intérêt à s’engager dans un parcours vertueux de management des ressources. Les deux parties prenantes, Nature et acteurs socio-économiques se retrouvent dès lors gagnants. Ce résultat a été explicité, selon une analyse détaillée, par les deux auteurs de cet article dans un ouvrage récent, intitulé Circular Entrepreneurship, Creating Responsible Enterprise, paru chez Palgrave Macmillan en 2019 et diffusé par Springer.
L’économie circulaire, c’est quoi ?
C’est un concept en évolution qui prend ses racines dans l’observation des phénomènes physiques et des cycles naturels : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, 1789, reprenant l’idée d’un philosophe grec présocratique, Anaxagore, « rien ne nait ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau »). Les économistes opposent l’économie circulaire à l’économie linéaire (extraction/utilisation de matière, production de biens et services, consommation ou utilisation de ces biens, production de déchets que l’on jette ou élimine en provoquant souvent des dégâts environnementaux).
C’est en 1972, que le Club de Rome, établit les premiers modèles contemporains d’économie en boucle. Mais un peu partout, on commence à penser qu’il n’est pas possible d’envisager pour le monde une croissance infinie alors que des ressources naturelles sont finies. D’où l’idée d’exploiter autrement ces ressources naturelles limitées : recycler, réutiliser, régénerer, préserver le capital naturel par de nouveaux modes d’utilisation des ressources naturelles (cf. Fondation Ellen MacArthur, et Aqueduc Atlas of the world, Washington). Dans la même lignée, il s’agit aussi de dynamiser la création de ressources renouvelables, à l’aide de projets innovants induisant des externalités positives.
L’économie circulaire s’applique à la circularité des matières, mais aussi à celle des idées, des compétences, des services aux utilisateurs, des modes d’apprentissage, si importants dans des périodes de mutations technologiques comme celles que nous connaissons.
Pour ces multiples raisons, il apparaît que l’économie circulaire conduit au développement de modèles de gestion inclusifs, collaboratifs, modernes (s’appuyant sur des méthodes digitalisées) et en définitive « responsables ». La RSE (responsabilité sociale ou sociétale des entreprises) est à la fois un concept éthique et un principe de mouvement désirable. Beaucoup d’entreprises du monde capitaliste en sont aujourd’hui conscientes et introduisent ces préoccupations de création d’un futur « soutenable » dans leurs stratégies et opérations de développement. Cette tendance peut être est vérifiée dans les documents officiels publiés (rapports annuels d’activité présentés aux actionnaires ou rapports sollicités par les pouvoirs publics), témoignages présentés dans le cadre de rencontres ouvertes au public, à des chercheurs ou à la presse, entretiens spécifiquement dédiés à l’économie circulaire, visites de sites industriels, de recherche ou de formation, études de cas. Toutes ces formes d’investigation ont nourri nos connaissances, depuis de nombreuses années.
Les lignes qui suivent illustrent quelques traits saillants, tels qu’ils sont observables dans la vie réelle, du processus de mutation en cours visant un management des ressources orienté vers la préservation et l’optimisation des ressources à l’échelle internationale.
Pour illustrer ce constat, nous concentrerons notre analyse sur trois points qui nous paraissent essentiels :
(1) L’économie circulaire est efficiente car elle prend en compte la réalité systémique de la vie internationale, dans son ensemble, telle qu’elle se dessine aujourd’hui dans le monde.
(2) L’économie circulaire souligne le rôle prééminant des managers. C’est l’efficacité du management entrepreneurial qui est décisive dans les processus de création de richesses et de management des ressources.
(3) La transition d’un système existant vers un nouveau système permet de réinventer la vie socio-économique et politique vers un futur désirable.
1.-L’économie circulaire est efficiente car elle prend en compte la réalité systémique internationale dans son ensemble.
La figure ci-dessous résume la dynamique des inter-relations systémiques en jeu.
L’augmentation considérable de la population mondiale à l’époque contemporaine a accentué ce phénomène de déséquilibre entre besoins et ressources naturelles disponibles qui induit, au-delà des problèmes de valeur, des tensions politiques d’appropriation, délicates à gérer d’une manière pacifique à l’échelle mondiale.
Ce constat conduit dès lors à rechercher d’autres formes de gestion des ressources naturelles et intellectuelles, consistant en particulier à abandonner les principes prévalents d’exploitation linéaire de ces biens (achat, utilisation, rejet des déchets) imposés par une classe sociale possédante et puissante, mettant l’accent sur la primauté des rendements financiers, une pratique répandue déjà critiquée par Karl Marx. Une évidence logique forte apparaît désormais : l’humanité est condamnée, pour survivre, à changer son actuel mode de vie et à reconsidérer ses schémas de création de valeur. La responsabilité de cette transition ne repose plus uniquement sur un nombre relativement réduit de décideurs, mais elle s’étend en définitive à tous les acteurs socio-économiques et politiques, tous concernés.
Nous nous proposons de préciser pourquoi et comment cette transition vers un nouveau modèle est susceptible d’être opérée. Nous focaliserons notre attention sur le rôle des entreprises, car à côté des Etats ou autres pouvoirs politiques, supra- ou infra- nationaux, les entreprises sont des acteurs socio-économiques majeurs : en effet elles capitalisent d’importants savoirs et savoir-faire, elles ont des moyens financiers, techniques et humains mobilisables pour de nouvelles causes ; elles disposent aussi de pouvoirs de décision largement autonomes. Ces pouvoirs leur confèrent des responsabilités qu’il convient de cibler d’une manière efficace. Il s’agit alors de mettre en œuvre des moyens efficients. Un de ces moyens consiste à introduire dans le jeu social les principes de circularité.
L’économie circulaire présente, au regard de notre problématique, un double avantage :1) elle est efficiente car elle conduit à limiter le gaspillage des ressources et contribue ainsi à préserver le stock de capital naturel disponible sur la planète ; 2) elle est attractive, car elle permet aux entreprises de stimuler leur profit ; celles-ci ont donc intérêt à s’engager dans un parcours vertueux de management des ressources. Les deux parties prenantes, Nature et acteurs socio-économiques se retrouvent dès lors gagnants. Ce résultat a été explicité, selon une analyse détaillée, par les deux auteurs de cet article dans un ouvrage récent, intitulé Circular Entrepreneurship, Creating Responsible Enterprise, paru chez Palgrave Macmillan en 2019 et diffusé par Springer.
L’économie circulaire, c’est quoi ?
C’est un concept en évolution qui prend ses racines dans l’observation des phénomènes physiques et des cycles naturels : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, 1789, reprenant l’idée d’un philosophe grec présocratique, Anaxagore, « rien ne nait ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau »). Les économistes opposent l’économie circulaire à l’économie linéaire (extraction/utilisation de matière, production de biens et services, consommation ou utilisation de ces biens, production de déchets que l’on jette ou élimine en provoquant souvent des dégâts environnementaux).
C’est en 1972, que le Club de Rome, établit les premiers modèles contemporains d’économie en boucle. Mais un peu partout, on commence à penser qu’il n’est pas possible d’envisager pour le monde une croissance infinie alors que des ressources naturelles sont finies. D’où l’idée d’exploiter autrement ces ressources naturelles limitées : recycler, réutiliser, régénerer, préserver le capital naturel par de nouveaux modes d’utilisation des ressources naturelles (cf. Fondation Ellen MacArthur, et Aqueduc Atlas of the world, Washington). Dans la même lignée, il s’agit aussi de dynamiser la création de ressources renouvelables, à l’aide de projets innovants induisant des externalités positives.
L’économie circulaire s’applique à la circularité des matières, mais aussi à celle des idées, des compétences, des services aux utilisateurs, des modes d’apprentissage, si importants dans des périodes de mutations technologiques comme celles que nous connaissons.
Pour ces multiples raisons, il apparaît que l’économie circulaire conduit au développement de modèles de gestion inclusifs, collaboratifs, modernes (s’appuyant sur des méthodes digitalisées) et en définitive « responsables ». La RSE (responsabilité sociale ou sociétale des entreprises) est à la fois un concept éthique et un principe de mouvement désirable. Beaucoup d’entreprises du monde capitaliste en sont aujourd’hui conscientes et introduisent ces préoccupations de création d’un futur « soutenable » dans leurs stratégies et opérations de développement. Cette tendance peut être est vérifiée dans les documents officiels publiés (rapports annuels d’activité présentés aux actionnaires ou rapports sollicités par les pouvoirs publics), témoignages présentés dans le cadre de rencontres ouvertes au public, à des chercheurs ou à la presse, entretiens spécifiquement dédiés à l’économie circulaire, visites de sites industriels, de recherche ou de formation, études de cas. Toutes ces formes d’investigation ont nourri nos connaissances, depuis de nombreuses années.
Les lignes qui suivent illustrent quelques traits saillants, tels qu’ils sont observables dans la vie réelle, du processus de mutation en cours visant un management des ressources orienté vers la préservation et l’optimisation des ressources à l’échelle internationale.
Pour illustrer ce constat, nous concentrerons notre analyse sur trois points qui nous paraissent essentiels :
(1) L’économie circulaire est efficiente car elle prend en compte la réalité systémique de la vie internationale, dans son ensemble, telle qu’elle se dessine aujourd’hui dans le monde.
(2) L’économie circulaire souligne le rôle prééminant des managers. C’est l’efficacité du management entrepreneurial qui est décisive dans les processus de création de richesses et de management des ressources.
(3) La transition d’un système existant vers un nouveau système permet de réinventer la vie socio-économique et politique vers un futur désirable.
1.-L’économie circulaire est efficiente car elle prend en compte la réalité systémique internationale dans son ensemble.
La figure ci-dessous résume la dynamique des inter-relations systémiques en jeu.
Source : S. Urban, in Antonella Zucchella and Sabine Urban, Circular Entrepreneurship, Creating Responsible Enterprise, Palgrave macmillan, 2019, p10.
Au centre de la figure se trouve placé le cœur du « système » en question. Dans le cas particulier il s’agit de l’économie circulaire. La lecture horizontale du schéma nous apprend qu’un système est conditionné par le contexte dans lequel il se développe. Le contexte dans lequel nous évoluons aujourd’hui est la raréfaction progressive et dangereuse des ressources naturelles. Une des finalités des entreprises sera donc de mettre en application une politique efficiente de sauvegarde de ces ressources. Pour répondre à cette exigence la lecture verticale du schéma nous rappelle que cette finalité va dépendre de la nature de l’activité de l’entreprise, de ses structures et des transformations technologiques et organisationnelles exigées pour assurer l’évolution nécessaire et recherchée. Ce schéma est donc un support méthodologique utilisable dans toutes les circonstances socio-économiques qui se présentent dans la vie internationale. Il est aussi un outil didactique facile à retenir et à comprendre.
Il faut bien admettre que l’économie circulaire ne tombe pas du ciel, comme un cadeau disponible pour tout le monde ; elle est au contraire la résultante de beaucoup d’engagements humains, financiers, institutionnels, interconnectés et envisagés dans la durée.
2.-Le rayonnement de l’économie circulaire souligne le rôle prééminant des managers, privés et publics.
C’est l’efficacité du management entrepreneurial qui est décisive dans les processus de création de richesses. C’est une réalité qui est vérifiée dans tous les pays, à toutes les époques. Les managers peuvent être considérés comme des « inventeurs d’avenir », formule éloquente de la société Air Liquide ; ce sont en effet eux qui, dans une large mesure, dégagent les domaines d’activité ainsi que& les défis technologiques et sociaux (comme par exemple la transition énergétique, la protection de l’environnement, la santé dans le monde, la transition numérique) que l’humanité doit relever dans un laps de temps probabilisable ou avec une certaine urgence.
Albert Einstein a souvent affirmé que l’imagination est plus importante que le savoir ; cela est vrai pas seulement dans la sphère de la recherche scientifique, mais également dans le domaine de l’action, qu’elle soit individuelle ou collective.
Un manager est aussi un meneur qui sait donner vie à ses convictions, qui saura les incarner, les communiquer, les faire vivre, les contrôler ; il ne crée pas seulement des ressources matérielles ou financières, mais aussi des ressources émotionnelles (du plaisir, de la fierté, du courage, un sens du devoir accompli, la joie du partage). En cela son engagement s’apparente à celui d’un chef d’orchestre qui donne vie à la musique, une ressource universelle, pratiquée ou recherchée dans le monde entier ; mais avant d’avoir été jouées et interprétées, les notes inscrites dans une partition ne disent rien à la grande majorité des personnes.
En bonne logique, compte tenu du rôle crucial et exigeant du manager dans la gestion des ressources, on est amené à se poser la question : pourquoi un dirigeant responsable s’engagerait-t-il dans une aventure certes intéressante et utile, mais aussi difficile et coûteuse, nécessairement internationale et risquée ? Nous n’avons pas ici la prétention de traiter ce problème psychologique et sociologique de motivation, fort complexe, dans son ensemble, mais simplement d’évoquer une idée de bon sens, une hypothèse utile qui est la suivante : si un manager s’engage c’est qu’il y trouve un intérêt, lui en tant que personne individuelle, ou lui en tant que responsable d’entreprise. Qu’est-ce à dire ?
3.- La mise en œuvre de l’économie circulaire conduit à réinventer la vie socio-économique vers un futur désirable
Une idée souvent défendue dans les propos exprimés dans les sphères politiques et socio-économiques est que globalement, « l’économie circulaire est une chance pour l’avenir, dans beaucoup de domaines de la vie socio-économiques, car elle est créatrice de valeur qui concerne le futur ». Comment un manager, consciencieux ou intrépide, pourrait-il ne pas avoir envie de participer à cette aventure fascinante ?
Trois aspects sont apparus qui semblent primordiaux à ce sujet :
1. La préservation profitable du capital naturel ou des ressources rares
Les inventions et innovations vont être ciblées, via l’économie circulaire, vers de nouveaux process et produits dans le but de « produire plus et mieux avec moins », et donc réduire le gaspillage. Cet état d’esprit est susceptible de s’étendre assez rapidement.
On promeut également les principes de l’économie circulaire dans tous les maillons de la chaine de valeur. Cela crée des surplus individuels et collectifs (spillover effects) et des avantages compétitifs spécifiques pour tous les sous-traitants et partenaires de la chaîne de valeur. Ils sont donc mobilisables.
On va développer des politiques d’éco-innovations limitant l’impact environnemental des biens et services produits, durant tout leur cycle de vie c’est-à dire : production de biens plus durables, minoration des déchets, facilitation de la destruction des produits obsolètes avec récupération des composants.
Donc, dès le départ du processus de production on utilise moins de ressources, puis on récupère, on recycle, on réutilise, on revend (au lieu de jeter).
2. La stimulation des profits de l’entreprise ayant intégré les principes de circulation dans son management.
L’augmentation de la productivité, par application du principe de circularité, stimule les profits de l’entreprise et sa capacité de distribution des richesses. Cette observation a déjà été analysée au XVIIIe siècle par François Quesnay, conseiller du roi de France et auteur, en 1758, d’un ouvrage célèbre intitulé « Tableau économique », illustrant la dynamique des inter-relations réciproques dans un ensemble territorial.
L’analyse de système, en vogue à l’époque contemporaine, où on est désormais bien conscient que « tout est lié à tout », confirme la validité de l’impact de la circularité. Les principes de circularité appliqués entre les parties prenantes de la vie socio-économique sont source d’innovation et d’enrichissement sous des formes multiples.
Les économies faites sur l’acquisition des ressources et leur transformation réduisent le coût global engagé pour leur d’acquisition. Ces économies limitent aussi la dépendance économique et donc l’insécurité de l’entreprise ou de la nation vis-à-vis des pays détenant ces ressources, souvent politiquement instables.
L’économie circulaire relève d’une dynamique créatrice ininterrompue. Elle instaure des dialogues avec toutes les parties prenantes (internes et externes) : consommateurs, usagers, sous-traitants, employés, actionnaires, centres de recherche, responsables politiques, acteurs financiers ; il en résulte une gestion ciblée de l’offre répondant aux attentes effectives des demandeurs ; la dynamique qui va s’exprimer est donc à la fois industrielle et sociale.
En définitive l’application des mesures d’économie circulaire a aussi un impact positif sur l’image de l’entreprise, c’est-à-dire un facteur d’attractivité et de confiance (gage d’expansion du business).
3. L’économie circulaire implique la création et la diffusion de nouveaux savoirs, orientés vers les enjeux de long terme de l’humanité. En effet, elle assure la facilitation des apprentissages technologiques et organisationnels ainsi que la promotion et la transmission d’une culture de créativité collective (open innovation).
Elle contribue par là-même au développement du sens de la responsabilité, de la solidarité et du partage, à une grande échelle.
Il est bien évident, comme nous l’avons déjà noté antérieurement, qu’une entreprise fonctionne d’une manière systémique et est donc émettrice et réceptrice de nombreuses relations d’échanges et d’influences. Celles-ci deviennent, dans un monde « digital » de plus en plus intenses et variées. Cette observation générale se traduit au niveau des entreprises, considérées comme des pouvoirs de décision autonomes, par une nouvelle orientation de leur « business model », qualifié d’« alternatif », d’avantage préoccupé de la composante humaine. Cette évolution se pratique dans le cadre de réseaux de coopération entre producteurs, consommateurs, communautés d’intérêts et institutions, développant ainsi les principes de l’économie circulaire. Nous avons pu constater, en Italie, que les acteurs les plus dynamiques en la matière sont les exploitations agricoles et les entreprises de services. Le principe de circularité s’exprime aussi, par exemple, par l’emploi de personnes handicapées, souvent traités comme des personnes « de rebut » sans avenir. L’économie circulaire est intégrative ; elle suscite l’adaptation et le changement.
Cette dynamique de créativité se développe selon deux modes : soit par transformation d’un « business model » existant (c’est le cas dans de grandes entreprises existantes), soit par création « ex nihilo » d’une entreprise qui nait d’entrée de jeu « circulaire » ou « born circular » (c’est le cas, de nos jours, de beaucoup de « start up ».
Au niveau environnemental, on s’aperçoit que l’application de l’économie circulaire dans les entreprises participe à la restauration de la santé et de la bio-diversité des éco-systèmes. Ce n’est pas là son moindre mérite.
Conclusion
Finalement, il apparaît que la mise en œuvre de l’économie circulaire n’est pas seulement une technique ou une politique de management de ressources matérielles ou intangibles mais aussi une mesure permettant de stimuler de nouvelles connaissances : elle crée également des liens précieux de solidarité dans la vie sociale, de partage des connaissances, de contribution à une vie internationale ou interrégionale apaisée.
Sources utilisées :
Au centre de la figure se trouve placé le cœur du « système » en question. Dans le cas particulier il s’agit de l’économie circulaire. La lecture horizontale du schéma nous apprend qu’un système est conditionné par le contexte dans lequel il se développe. Le contexte dans lequel nous évoluons aujourd’hui est la raréfaction progressive et dangereuse des ressources naturelles. Une des finalités des entreprises sera donc de mettre en application une politique efficiente de sauvegarde de ces ressources. Pour répondre à cette exigence la lecture verticale du schéma nous rappelle que cette finalité va dépendre de la nature de l’activité de l’entreprise, de ses structures et des transformations technologiques et organisationnelles exigées pour assurer l’évolution nécessaire et recherchée. Ce schéma est donc un support méthodologique utilisable dans toutes les circonstances socio-économiques qui se présentent dans la vie internationale. Il est aussi un outil didactique facile à retenir et à comprendre.
Il faut bien admettre que l’économie circulaire ne tombe pas du ciel, comme un cadeau disponible pour tout le monde ; elle est au contraire la résultante de beaucoup d’engagements humains, financiers, institutionnels, interconnectés et envisagés dans la durée.
2.-Le rayonnement de l’économie circulaire souligne le rôle prééminant des managers, privés et publics.
C’est l’efficacité du management entrepreneurial qui est décisive dans les processus de création de richesses. C’est une réalité qui est vérifiée dans tous les pays, à toutes les époques. Les managers peuvent être considérés comme des « inventeurs d’avenir », formule éloquente de la société Air Liquide ; ce sont en effet eux qui, dans une large mesure, dégagent les domaines d’activité ainsi que& les défis technologiques et sociaux (comme par exemple la transition énergétique, la protection de l’environnement, la santé dans le monde, la transition numérique) que l’humanité doit relever dans un laps de temps probabilisable ou avec une certaine urgence.
Albert Einstein a souvent affirmé que l’imagination est plus importante que le savoir ; cela est vrai pas seulement dans la sphère de la recherche scientifique, mais également dans le domaine de l’action, qu’elle soit individuelle ou collective.
Un manager est aussi un meneur qui sait donner vie à ses convictions, qui saura les incarner, les communiquer, les faire vivre, les contrôler ; il ne crée pas seulement des ressources matérielles ou financières, mais aussi des ressources émotionnelles (du plaisir, de la fierté, du courage, un sens du devoir accompli, la joie du partage). En cela son engagement s’apparente à celui d’un chef d’orchestre qui donne vie à la musique, une ressource universelle, pratiquée ou recherchée dans le monde entier ; mais avant d’avoir été jouées et interprétées, les notes inscrites dans une partition ne disent rien à la grande majorité des personnes.
En bonne logique, compte tenu du rôle crucial et exigeant du manager dans la gestion des ressources, on est amené à se poser la question : pourquoi un dirigeant responsable s’engagerait-t-il dans une aventure certes intéressante et utile, mais aussi difficile et coûteuse, nécessairement internationale et risquée ? Nous n’avons pas ici la prétention de traiter ce problème psychologique et sociologique de motivation, fort complexe, dans son ensemble, mais simplement d’évoquer une idée de bon sens, une hypothèse utile qui est la suivante : si un manager s’engage c’est qu’il y trouve un intérêt, lui en tant que personne individuelle, ou lui en tant que responsable d’entreprise. Qu’est-ce à dire ?
3.- La mise en œuvre de l’économie circulaire conduit à réinventer la vie socio-économique vers un futur désirable
Une idée souvent défendue dans les propos exprimés dans les sphères politiques et socio-économiques est que globalement, « l’économie circulaire est une chance pour l’avenir, dans beaucoup de domaines de la vie socio-économiques, car elle est créatrice de valeur qui concerne le futur ». Comment un manager, consciencieux ou intrépide, pourrait-il ne pas avoir envie de participer à cette aventure fascinante ?
Trois aspects sont apparus qui semblent primordiaux à ce sujet :
1. La préservation profitable du capital naturel ou des ressources rares
Les inventions et innovations vont être ciblées, via l’économie circulaire, vers de nouveaux process et produits dans le but de « produire plus et mieux avec moins », et donc réduire le gaspillage. Cet état d’esprit est susceptible de s’étendre assez rapidement.
On promeut également les principes de l’économie circulaire dans tous les maillons de la chaine de valeur. Cela crée des surplus individuels et collectifs (spillover effects) et des avantages compétitifs spécifiques pour tous les sous-traitants et partenaires de la chaîne de valeur. Ils sont donc mobilisables.
On va développer des politiques d’éco-innovations limitant l’impact environnemental des biens et services produits, durant tout leur cycle de vie c’est-à dire : production de biens plus durables, minoration des déchets, facilitation de la destruction des produits obsolètes avec récupération des composants.
Donc, dès le départ du processus de production on utilise moins de ressources, puis on récupère, on recycle, on réutilise, on revend (au lieu de jeter).
2. La stimulation des profits de l’entreprise ayant intégré les principes de circulation dans son management.
L’augmentation de la productivité, par application du principe de circularité, stimule les profits de l’entreprise et sa capacité de distribution des richesses. Cette observation a déjà été analysée au XVIIIe siècle par François Quesnay, conseiller du roi de France et auteur, en 1758, d’un ouvrage célèbre intitulé « Tableau économique », illustrant la dynamique des inter-relations réciproques dans un ensemble territorial.
L’analyse de système, en vogue à l’époque contemporaine, où on est désormais bien conscient que « tout est lié à tout », confirme la validité de l’impact de la circularité. Les principes de circularité appliqués entre les parties prenantes de la vie socio-économique sont source d’innovation et d’enrichissement sous des formes multiples.
Les économies faites sur l’acquisition des ressources et leur transformation réduisent le coût global engagé pour leur d’acquisition. Ces économies limitent aussi la dépendance économique et donc l’insécurité de l’entreprise ou de la nation vis-à-vis des pays détenant ces ressources, souvent politiquement instables.
L’économie circulaire relève d’une dynamique créatrice ininterrompue. Elle instaure des dialogues avec toutes les parties prenantes (internes et externes) : consommateurs, usagers, sous-traitants, employés, actionnaires, centres de recherche, responsables politiques, acteurs financiers ; il en résulte une gestion ciblée de l’offre répondant aux attentes effectives des demandeurs ; la dynamique qui va s’exprimer est donc à la fois industrielle et sociale.
En définitive l’application des mesures d’économie circulaire a aussi un impact positif sur l’image de l’entreprise, c’est-à-dire un facteur d’attractivité et de confiance (gage d’expansion du business).
3. L’économie circulaire implique la création et la diffusion de nouveaux savoirs, orientés vers les enjeux de long terme de l’humanité. En effet, elle assure la facilitation des apprentissages technologiques et organisationnels ainsi que la promotion et la transmission d’une culture de créativité collective (open innovation).
Elle contribue par là-même au développement du sens de la responsabilité, de la solidarité et du partage, à une grande échelle.
Il est bien évident, comme nous l’avons déjà noté antérieurement, qu’une entreprise fonctionne d’une manière systémique et est donc émettrice et réceptrice de nombreuses relations d’échanges et d’influences. Celles-ci deviennent, dans un monde « digital » de plus en plus intenses et variées. Cette observation générale se traduit au niveau des entreprises, considérées comme des pouvoirs de décision autonomes, par une nouvelle orientation de leur « business model », qualifié d’« alternatif », d’avantage préoccupé de la composante humaine. Cette évolution se pratique dans le cadre de réseaux de coopération entre producteurs, consommateurs, communautés d’intérêts et institutions, développant ainsi les principes de l’économie circulaire. Nous avons pu constater, en Italie, que les acteurs les plus dynamiques en la matière sont les exploitations agricoles et les entreprises de services. Le principe de circularité s’exprime aussi, par exemple, par l’emploi de personnes handicapées, souvent traités comme des personnes « de rebut » sans avenir. L’économie circulaire est intégrative ; elle suscite l’adaptation et le changement.
Cette dynamique de créativité se développe selon deux modes : soit par transformation d’un « business model » existant (c’est le cas dans de grandes entreprises existantes), soit par création « ex nihilo » d’une entreprise qui nait d’entrée de jeu « circulaire » ou « born circular » (c’est le cas, de nos jours, de beaucoup de « start up ».
Au niveau environnemental, on s’aperçoit que l’application de l’économie circulaire dans les entreprises participe à la restauration de la santé et de la bio-diversité des éco-systèmes. Ce n’est pas là son moindre mérite.
Conclusion
Finalement, il apparaît que la mise en œuvre de l’économie circulaire n’est pas seulement une technique ou une politique de management de ressources matérielles ou intangibles mais aussi une mesure permettant de stimuler de nouvelles connaissances : elle crée également des liens précieux de solidarité dans la vie sociale, de partage des connaissances, de contribution à une vie internationale ou interrégionale apaisée.
Sources utilisées :
- Analyse des rapports d’activité des sociétés cotées
- Entretiens avec des dirigeants d’entreprises ou des collaborateurs
- Participation à des rencontres informatives
- Participation à des programmes de recherche